Accueillir la vulnérabilité aujourd'hui
Ces journées ont eu lieu les 20 et 21 novembre 2013.
Présentation du projet
Le Département de Philosophie de l'Université de Namur, et le Département d’Éthique de l’Université Catholique de Lille (Centre d’Éthique Médicale et Centre d’Éthique de la Famille et du Sujet Contemporain) , en collaboration aussi avec le Centre Droit Fondamentaux et Lien Social (Df&Ls) de l'UNamur et le Centre Notre-Dame de la Paix organisent deux journées d’études consacrées aux enjeux éthiques et politiques soulevés par la vulnérabilité humaine.
Depuis quelques années, l’importance du soin et de l’accompagnement des fragilités dans nos sociétés ne cesse de se faire sentir. Nos conceptions contemporaines de la solidarité et des politiques qui la mettent een œuvre ne sont peut-être d’ailleurs pas tant déstabilisées par l’évolution de l’économie, de la biomédecine ou des technologies contemporaines que par cette fragilité même de l’être humain qui se dévoile dans leur ombre.
La tendance au développement de politiques sociales d’aide à l’autonomisation et à l’individualisation des personnes vulnérables, a constitué à cet égard une première réponse immédiate aux défis qu’a mis à jour ce dévoilement.
Parallèlement, au plan théorique, l’expérience des vulnérabilités qui affectent nombreux de nos contemporains dans leurs formes de vies suscite aussi, depuis une dizaine d’année, une nécessaire reformulation des enjeux éthiques et politiques du vivre humain.
De nouveaux courants de pensée, comme les théories du care ou les philosophies du soin, réinterrogent plus que jamais aujourd’hui les présupposés implicites des théories modernes de la justice, notre conception du sujet, de la morale et des liens qui font de nous des êtres sociaux.
Les questions suivantes se posent dès lors à nous: que nous révèlent nos expériences contemporaines de vulnérabilités au sujet de l’être que nous sommes ? Les politiques mises en place ces dernières années pour soutenir la solidarité sont-elles suffisamment ajustées à cette nouvelles figure du sujet humain ?
Autrement dit, les évolutions pratiques et théoriques se rejoignent-elles ? Ces interrogations appellent-elles une restructuration des rapports qui se nouent entre le soin et le politique ? Entre l’urgence vitale du premier et la nécessité sociale du second, comment penser ou repenser les conditions de la participation démocratique et du rapport des sociétés à la fragilité de leurs membres ?
Comment aborder le champ de ces questions sans misérabilisme théorique ni victimisation pratique des personnes vulnérables ? Ces questions seront abordées diversement dans les interventions de Nathalie Maillard (FNS Suisse) et de Guillaume Le Blanc (Université de Bordeaux), de Dominique Lambert (UNamur), Fred Poché (Université de l'Ouest, France) et de Michel Dupuis (UCL). Ce sera lors de la journée du jeudi.
En relation avec les questions posées, nous examinerons aussi, au cours de la première journée de travail, les propositions nouvelles qui émergent au plan pratique pour faire face à ce « moment » de la fragilité que nous connaissons aujourd’hui. Ce sera par les interventions de Valérie Flohimont (UNamur, Df&Ls), de Véronique Herman et Jeanine Depasse (CEFOC), ainsi que de Catherine Dopchie (CHwapi, Centre Hospitalier Wallonie Picarde, Tournai) que nous pourrons découvrir par quels chemins il est possible aujourd'hui d'accueillir la vulnérabilité et d'en faire une occasion de nouvelle construction humaine et sociale.
La soirée du mercredi sera consacrée au débat. La présentation d'un document photographique réalisé par Régis Defurnaux dans un Centre de soin palliatifs permettra d'ouvrir la discussion.